Jeunes Adultes Volume II : Julien Carreyn avec My-Lan Hoang-Thuy
April 20 – May 04 2019
Curated by Extramentale
12, Plan de la Cour 13200 Arles
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Camargue. Je répète. Camargue. Inondation de lumière et marécages. Dunes de sel spectaculaires dignes d’une excursion sur la lune.
Il me répond : « balcon ». Balcon gris de l’immeuble que personne ne regarde lors des jours de pluie, lors des jours de lumière, lors des nuits.
Julien souhaite le balcon comme il envie les petites cours de maison sans discours. Une cour sans émotion pour y planter des figures, ces « foyers d’irradiations ». Le corps dénudé côtoie un arbre et l’arbre se prend d’amour pour une chaise banale. Il y a des photographies de nus qui sonnent comme la cour : modestes, en-deçà des légendes qui courent sur le nu en Camargue.
Les photographies de Julien Carreyn jouent la carte de la déception afin de rester habilement dans cette limite du « en-deçà » des grandes légendes qu’on saupoudre sur l’adéquation, pourtant si merveilleusement vendeuse, du nu féminin en Camargue. Alors, on place l’érotisme dans du feutre pour le maintenir en sourdine ; on force sur le petit format et on s’oppose à la lumière qui éclate en temps de Féria. Jeunes Adultes Volume II détourne des trajectoires sillonnées avec éclat.
My-Lan Hoang-Thuy rentre en scène. Jeune artiste récemment diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris elle a, depuis plusieurs années, la fièvre du perfectionnisme. Écrin de nacre, autoportrait mignon, fleur délicate. Modèle pour Julien, elle est aussi l’une de ses plus grandes complices, se prêtant ici au jeu d’un doux sabotage de sa trajectoire sillonnée avec éclat. Pour nous, pour lui, My-Lan fait autre chose ; elle confectionne des choses qu’elle ne maitrise pas.
Faux-pas délicieux assoiffés d’abstraction.
Désapprentissage d’un geste qu’on assèche comme on assècherait la Camargue pour faire voir les « en-deçà » : ce terreau atypique en toute part discret, ces petits bruits qui sifflent pour ne rien dire, voire pas grand-chose.
Jeunes Adultes Volume II est l’importation de l’esprit d’ « INTOTO » en Camargue couplé à une complicité bicéphale. Pensé par Julien et deux de ses acolytes, INTOTO expose les faces B ou les test pressing des œuvres d’art lors d’expositions à géométrie variable. On y trouve parfois un morceau de papier en devenir d’œuvre, un prototype sous-estimé ou peu exposé à la conscience du marché, une énergie libre et un geste non retenu. INTOTO à Arles c’est comme une anti carte postale, une fièvre qui sommeille et une exposition feutrée pour dorloter les Jeunes Adultes